Les quartiers de Tétouan appartiennent à 3 types de styles architecturaux différents: le style andalou (la Medina); le
style espagnol du début et du milieu du 20ème siècle (Ensanche) et le style d'après l'indépendance (quartiers périphériques.
Chaque style comporte des variantes plus ou moins importantes en relation avec l'évolution des styles et des matériaux
utilisés.
-La Médina
La Médina (ancienne ville) de Tétouan est inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO. Elle occupe aux yeux
des spécialistes la première place de toutes les médinas du Maroc.
Le principal élément de la Médina est constitué par les remparts datant de la fin du XVe siècle qui entourent la ville.
Ces remparts laissent le passage à travers 7 entrées qui sont: Bab El Oqla, Bab Saaida (vers l'Est), Bab Mqabare et Bab
Ejjyafe (vers le Nord), Bab Nouader (vers l'Ouest), Bab Toute, Bab Remouz (vers le Sud). A l'intérieur de la ville, les
ruelles sont pittoresques et grouillantes de monde. Les principaux quartiers, datant de la construction de la ville, sont:
Laayoune, Essania, Trankat, Rbat Aala, Bled, Rbat Asfal et Mellah.
Les maisons de la Médina sont généralement très bien conservées par les descendants des propriétaires. Certaines ont
bénéficié d'un programme de réhabilitation financé par la Junta de Andalucia. Du point de vue architectural, les maisons
sont généralement constituées [8] : (i) d'un rez-de-chaussée avec un couloir d'entrée (Zaguan, Dehliz) donnant sur un
patio (Sahn), sur lequel s'ouvrent 2 ou 3 chambres fermées (bit), un salon ouvert (maqâad), la cuisine et les services; et
(ii) d'un étage avec des chambres (ghorfa). Temporellement, les maisons obéissent à deux styles architecturaux différents:
• celles du XVIIe siècle comportent un patio avec des piliers et des colonnes (8 ou 12) supportant des arcades. La
décoration est généralement austère.
• celles du XIXe siècle utilisent les traverses de fer qui supportent l'étage.
Les maisons peuvent comporter ou non un jardin (Riad). La décoration est riche, utilisant les mosaïques de Fès, le bois
peint etc.
Ces maisons, ainsi que les bâtiments publics, ont longtemps été desservis en eau potable à travers un réseau de
canalisations depuis les sources de la ville. Ce réseau, appelé Skundu (déformation de l'espagnol segundo), a été
développé par Ali Al Mandari en personne, qui a construit la ville le long d'une ligne de sources prenant naissance au
pied du Jbel Dersa. Ce dispositif ingénieux, dont seuls avaient le secret pour des raisons sécuritaires le Gouverneur et
l'ingénieur principal de la ville, alimentait toutes les maisons ainsi que les fontaines publiques, les mosquées, les
hammams etc. grâce à la topographie en pente de la ville[9]. Bien que très détérioré par les canalisations modernes,
certaines maisons gardent encore des fontaines de cette eau limpide.
Outre les maisons tétouanaises, plusieurs mosquées, zaouias et places publiques et commerciales peuvent être visitées :
. Places : El Feddane (cœur de la ville sur lequel donne le Méchouar), Ghersa El Kébira (place de commerce varié), El Usâa
(petite place pittoresque)
. Rues : Tarrafine (boutiques de bijoux)
. Mosquées : Al Jamaa Al Kabir (Grande Mosquée)
. écoles traditionnelles : Madrasat Lukach ; Zaouias : Sidi Ali ben Raissoun, Harraq, Abdellah El Hajj Bakkal,...
. Souks : Mesdaa (épices, fromages), Saquia El Fouqia (vêtements),...
-El Ensanche
Situé à l'ouest de la Medina, le quartier d'El Ensanche (prononcé Chanti par la population locale) représente le style
architectural typique pendant le Protectorat espagnol. Il comporte essentiellement des immeubles de 5 étages avec des
commerces au rez-de-chaussée. Certains bâtiments ont été réhabilités dans le cadre du programme de réhabilitation des
bâtiments de Tétouan. L'intérieur est de type méditerranéenn, avec un couloir sur lequel s'ouvrent les chambres, les
salons et les services. Les bâtiments peuvent être construits en complexe avec un espace vert central (cas de Pabellones
de Varela).
- Les quartiers périphériques
Au cours de la période post-coloniale, la ville a connu un important exode rural, et une expansion des constructions à
la périphérie de la ville. Si les maisons des anciens habitants obéissent aux règles de construction tétouanaises
modernisées (Bab El Oqla, Ziyyana), les autres maisons n'ont aucun style particulier. Il s'agit en général d'un R + 2
carré, avec commerce au rez-de-chaussé sans décoration. C'est le cas des quartiers de Touilaa (émigrants), Saniat Errmel,
Sidi Talha (Barrio Malaga) (Dyor Del Makhzen, l'un des premiers quartiers construits en dehors de la ville, ce quartier
était destiné aux soldats qui défendaient Tétouan, d'où le nom Dyor Del Makhzen, maisons des policiers/soldats ) etc..
D'autres quartiers périphériques, cas de Korat Essbaa, Touilaa Foqia (Touilaa Haute), Dersa et Samsa sont du type
clandestin, construits par de nouveaux migrants (constructions sans autorisation). Récemment, la ville connait une
meilleure planification et un control plus sévère, matérialisés par le développement de bâtiments modernes d'entre 6 et 12
étages (avenue des F.A.R et place de la colombe) et de quartiers résidentielles modernes (quartier wilaya et quartier de
l'aéroport).