La présence de l'Homme dans la région de Tétouan date du Néolithique (5000 ans av. J.-C.), comme le prouvent les
industries ibéro-maurusiennes trouvées dans la grotte de Taht El Ghar au sud de la ville, et dans El Ghar Lakhal près de
Ceuta.
La ville existe depuis le IIIe siècle av. J.-C., des vestiges des ères romaines et phéniciennes y ont été trouvés,
provenant de la ville antique de Tamuda. Les Phéniciens quant à eux établirent un comptoir à l'embouchure de l'Oued Martil.
Le site de la ville est mentionné la première fois par le géographe andalou Abou Oubayd Al Bakri au XIe siècle, puis par
des sources Almohades au XIIe.
Vers 1305, une ville fortifiée est établie par le sultan Merinide Abou Tabit. Elle sert de base pour attaquer la ville de
Ceuta. En 1399, la ville est détruite par les Espagnols afin d'arrêter les attaques des pirates pour lesquels la ville
constituait une base arrière.
C'est surtout l'occupation de Ceuta par les portugais en 1415, principale ville du Nord du Royaume de Fès, qui va accélérer
le développement de Tétouan en tant que base stratégique pour mener les campagnes militaires contre les occupants et aussi
pour servir de port principal vers la Méditerranée.
Selon l'historien Skirej, en 888 h (1483), 80 mauresques venus de Grenade avaient commencé à construire des maisons dans la
partie dénommée Al Balad, mais étaient harcelés par la tribu des Beni Hozmar qui revendiquait la propriété du site. Ayant
été informé de leurs plaintes, le Sultan Mohammad Ach-Chaikh Al Wattassi (m en 910 h, 1504) leur prêta 40 000 Mithqal et
envoya 40 gardes de Fès et 40 du Rif pour les protéger. Il écrivit au gouverneur de Chefchaouen, Moulay Ali Ben Moussa Ben
Rached El Alami (m. en 917 h, 1511), fondateur de la ville, pour lui demander de leur envoyer une personne compétente pour
construire une muraille de protection. C'est ainsi que Mohammed ben Ali Al Mandari (m en 900 h, 1494), un commandant
d'origine andalouse rejoignit la ville dont il deviendra gouverneur et architecte. Il est considéré comme le vrai fondateur
de la ville.
En 1492, la Reconquista (reconquête de l'Espagne) se termine avec la chute de Grenade qui chasse du Sud de l'Espagne des
milliers de musulmans et juifs qui s'installèrent dans la ville.
La population s'est trouvée augmentée également par l'expulsion massive des Mauresques par Felipe III en 1609.
Ensuite, la ville connaît au XVII et XVIII siècles un grand essor grâce à son statut de port méditerranéen (Martil) par
lequel transitent les marchandises vers ou provenant de la capitale Fès, les autres ports marocains étant sous occupation
portugaise jusqu'au début du XVIIIe siècle. De nombreux consulats y furent établis.
Par la suite, la ville connaîtra un grand déclin, dont les causes sont d'ordre principalement politique. L'activité
commerciale portuaire ainsi que les consulats seront finalement transférés à Tanger, port pouvant accueillir des navires
plus grands. Après une grande épidémie de peste (septembre 1818 à mai 1819) qui fit 6259 décès, soit le quart de la
population de la ville, la ville fut envahie par l'armée espagnole de 1859 à 1862, ce qui a conduit à l'arrêt des activités
commerciales et à la fuite d'une partie de la population, en particulier des commerçants juifs (estimés à 7000), partis à
Tanger, Gibraltar et à Oran, encouragés par les autorités françaises.
Après l'occupation espagnole en 1913, Tétouan devient la capitale du Nord du Maroc et le restera jusqu'à la signature de
l'accord d'indépendance le 7 avril 1956. Cette période est caractérisée par la lutte principalement politique entre
l'administration espagnole et les nationalistes tétouanais du Parti de la Réforme Nationale (Hizb Al Islah Al Watani), dont
la principale personnalité est Abdelkhalek Torrès.