Il y a peu d'écrits sur la naissance de Safi, la pointe Oussadion, Comptoir Phénicien - s'il faut croire le géographe
Ptolémée - probablement fréquentée plus tard par les Romains, elle apparaît dans les textes arabes sous le nom d'Asfi, à
partir du XIe siècle, c'est alors un petit port d'intérêt local.
Safi (Hadirat al Mouhit) ou Cité de la mer environnante, selon l'expression d'Ibn Khaldoun, assurait, en tant que port de
la capitale Marrakech de l'empire Almohade au XIIe siècle, des relations directes avec l'Andalousie et se présentait sous
forme d'un espace fortement urbanisé, doté notamment d'importantes fortifications et d'une grande mosquée centrale. Cette
dernière était rattachée à de nombreuses institutions.
Sous les Almohades, à la fin du XIIe siècle, Abi Mohammed Salih, Saint Patron de la ville depuis, fonde un ribat ou couvent
fortifié, dans un faubourg mitoyen de la ville de Tasaffyn (Al-Safy), dont la fonction religieuse atteint une large
renommée.
Il institue, en effet, deux ordres religieux, les premiers du genre organisés au Maroc, une Tariqa ou voie mystique et la
Tafa des Houjjaj, remarquable organisation du pèlerinage à la Mecque, à travers un immense réseau de centres d'accueil
(Sijilmassa, Tlemcen, Bougie, Barqa, Alexandrie,...), à une époque où cette obligation était suspendue en raison de
l'insécurité.
Constitué de deux entités urbaines, la ville s'enrichit, au XIVe siècle, d'une medersa, édifiée par Aboul Hassan Al Marini,
d'un bimaristan (hôpital) et de nombreuses autres institutions, une qaysaria, un mohtasseb, au fur et à mesure que Safi
s'impose comme place d'échanges d'importance qui commerce avec Gênes, Séville, Marseille, etc.
A la fin du XVe siècle, la pression portugaise s'accentue, et aboutit à l'occupation de la ville qui va durer de 1488
jusqu'à sa reprise par les Saadiens, en 1541. la TZAFFIN portugaise était alors la principale place fortifiée pour le
contrôle de la région maritime, s'étendant jusqu'à Marrakech.
De nouveau reliée à Marrakech sous les Saadiens, Safi demeure un des plus importants ports du Royaume jusqu'à la création
d'Essaouira, dans la seconde moitié du XVIIe siècle. Il reste cependant siège de consulats étrangers et participera, au
cours du XIXe siècle, à l'ouverture commerciale du Maroc sur les puissances étrangères.
De même qu'à Tanger, la communauté juive est importante et n'est pas installée dans un mellah. L'existence de cultes
mixtes, judéo-musulman, tel celui rendu jusqu'au milieu du XXe siècle aux Oulad Zmirro, les sept saints juifs enterrés à
Safi, témoigne de l'entente qui prévaut depuis plusieurs siècles entre les deux communautés.
L'ouverture sur l'Europe
Au XVe siècle, Safi s'ouvre au commerce européen. Les Portugais apprécient même si bien sa rade naturelle qu'ils s'en
emparent en 1488, par une opération combinée (par terre et par mer) montée à partir de leur base de Mogador (Essaouira).
Autour de la ville, ils élèvent une enceinte et construisent une forteresse au bord de la mer. Mais cette occupation dure
peu, car dès 1541, les Portugais qui viennent de perdre la ville d'Agadir évacuent volontairement Safi.
Cela n'interrompt point les échanges avec l'Europe qui au contraire s'intensifie. Les Français y ont leur part.
Au XVIIe siècle, le consul de France a sa résidence à Safi et c'est dans ses murs que le commandeur de Rasilly signe au
nom de Louis XIII plusieurs traités de commerce entre la France et l'Empire Chérifien. Mais, au XIXe siècle, c'est le
déclin complet.
Le tournant du XXe siècle
Le renouveau est tout d'abord venu de la pêche industrielle : la sardine est la spécialité de Safi depuis que le
développement de la conserverie a ouvert à ses pêcheurs un énorme marché. Puis les minerais de Jbilet et les phosphates de
Youssoufia (80 km au nord-est de Safi) ont envahi les quais, entraînant l'extension et la modernisation du port.
Safi est aussi connue pour son rôle dans la résistance et la lutte pour l'indépendance du Maroc. Trois personnalités de
Safi ont signé le Manifeste de l'indépendance, notamment Haj Mohamed Bouamrani. Bouamrani, qui a reçu l'enseignement d'al
Qaraouiyine, était responsable de la résistance à Casablanca et Safi et a eu un rôle central dans la résistance et la
création du parti de l'Istiqlal.