Al Hoceïma compte environ 200 000 habitants dans la communauté urbaine et 756 223 dans son agglomération totale. La population de cette ville a la particularité de tripler en période estivale, avec le retour des ressortissants vivant en Europe et le tourisme balnéaire.
Les habitants d'Al Hoceïma sont les Hoceimi, terme peu utilisé au Maroc. Les habitants sont souvent identifiés par le terme Ryafa en arabe, terme qui regroupe les populations du cœur historique du Rif.
Administration
Al Hoceïma est devenu province d’après le Dahir du 13 janvier 1956 complété par celui de 6 décembre 1959. Elle est organisée en un Pachalik à la ville d’Al Hoceïma avec trois arrondissements et une municipalité, et en trois cercles :
- cercle de Aït Ouaryaghel composé de cinq caîdats, treize communes rurales et deux municipalités ;
- cercle de Targuist avec quatre caîdats, quatorze communes rurales et une municipalité ;
- cercle de Bni Boufrah constitué de deux caîdats, quatre communes rurales.
Al Hoceïma forme avec les provinces de Taza et de Taounate la quinzième région du royaume depuis la loi 47-96 du 2 avril 1997 qui a mis un terme au découpage du royaume en sept régions économiques pour le remplacer par un nouveau découpage de seize régions.
Langue et culture
La langue parlée à Al Hoceïma est le rifain, de la famille des langues berbères, la langue vernaculaire est majoritairement le rifain (tarifit). L'Arabe dialectal marocain est parlée par environ 65% de la population de la ville en tant que deuxième ou troisième langue. La langue enseignée à l'école et l'arabe littéraire. Al Hoceïma était sous colonie espagnol, comme la majorité du nord marocain, la langue y est très parlée. Les historiens linguistes rattachent le rifain à la catégorie des langues berbères amazighes de type Zénète (Z'natiy). Comme les dialectes tamazigh et tachelhit parlés dans d'autres régions du Maroc ou le kabyle en Algérie, le rifain resté longtemps de tradition et transmission orale renaît aujourd'hui sous sa forme écrite grâce à l'alphabet amazighe, le tifinaghe.
Histoire
La ville d'Al Hoceïma dans ses contours actuels a été créée en 1920 par l'Espagne.
Al Hoceïma est principalement connue pour son histoire de ville rebelle contre le pouvoir colonisateur espagnol. Abdelkrim El Khattabi (issue de la tribu Aït Ouriaghel) est président d'une des premières formes démocratiques de pouvoir en Afrique, la république du Rif. La guerre du Rif qui vit un débarquement espagnol en 1925 dans la baie est un épisode symbolique fort dans l'histoire du Maroc et de l'Afrique. Elle est la première guerre anti-coloniale du XXe siècle et précède les conflits liés à la décolonisation en Afrique et dans le reste du monde.
Le port fut ouvert officiellement au commerce en 1931.
Al Hoceïma est aussi connue pour son histoire douloureuse et ses liens difficiles avec le pouvoir central marocain, avec notamment l'insurrection du Rif de 1958, et le sentiment d'une ville un peu livrée à elle-même après le départ des colonisateurs espagnols jusque la fin du règne de Hassan II.
Dans la nuit du 24 février 2004, un tremblement de terre d'une magnitude de 6,3 degrés sur l'échelle ouverte de Richter ravage une partie de la ville ainsi que des localités avoisinantes comme Imzouren. Le bilan définitif de ce séisme est de 629 morts, 926 blessés et 15 230 sans-abris, selon un communiqué du 4 mars 2004 du ministre de la communication Nabil Benabdallah. Un vaste programme de relogement et d'infrastructures est lancé par la suite.
La ville a également connu une série de secousses au début de l'année 2016. Un séisme de 4,9 sur l'échelle de Richter a été enregistré le 21 janvier à
13h47, faisant 15 blessés.
En octobre 2016, un vendeur de poisson de la ville, nommé Mouhsine Fikri, meurt. En effet, un policier l'interpelle et jette les poissons que Mouhsine vendait
dans le camion-poubelle. Celui-ci monte dedans afin de les récupérer. Par la suite, le policier donne l'ordre de le triturer. Cet événement provoque un
mouvement de contestation qui se diffuse rapidement au reste du pays ainsi que dans le monde, mais se prolonge plusieurs mois dans la région d'Al-Hoceïma, où
il prend le nom de Hirak10. Plusieurs manifestations sont organisées dans différents pays (Espagne et Belgique principalement). La répression gouvernementale
vise les médias qui couvrent l'événement, et passe par des interdictions de manifester et des ralentissements, voire coupures d'Internet11 mais aussi par la
détention des manifestants. Les peines vont de 5 à 20 ans.