1 - Transport
Les analyses liées à la problématique du transport entre Rabat et Salé, menées dans le cadre du projet d'aménagement de la Vallée du Bouregreg, ont montré que les itinéraires de franchissement actuels sont fortement sollicités: Environ 650 000 personnes, transportées par 150 000 véhicules, transitent chaque jour par la vallée. Dans les dix prochaines années, et dans un contexte de croissance économique soutenue, la population tendra tout naturellement à poursuivre son équipement automobile, motivée par le système de transport collectif actuel, encombré et peu attractif. Une politique volontariste en faveur de la fluidité et de la facilité d'accès aux moyens de transport entre les villes de Rabat et Salé s’avère donc nécessaire.
L'un des moyens les plus décisifs pour répondre aux besoins de déplacement actuels et futurs consiste à améliorer l'offre de transport collectif dans l'agglomération, tout en renforçant les infrastructures routières.
La mise en place du tramway de Rabat-Salé, la construction du pont Hassan II et le creusement du tunnel des Oudayas s'inscrivent dans cette démarche.
Tramway de Rabat-Salé :
La réalisation du tramway de Rabat - Salé a pour objectif de doter la capitale du Royaume d’un moyen de transport collectif répondant aux besoins croissants de déplacement dans l’agglomération. L’idée du tramway repose sur des études menées en 2002-2004 concluant à l’opportunité de créer un système de transport de masse en site propre.
Le tramway de Rabat-Salé est une des composantes structurantes de l'aménagement des rives du Bouregreg, car il offre une réponse appropriée à la problématique du transport collectif par sa formule alliant fiabilité, rapidité, confort et écologie. Le tramway assure une complémentarité avec les réseaux bus et taxis, contribue à préserver l’environnement par la réduction de la pollution et des nuisances sonores, et participe au développement économique de l’agglomération.
Inauguré par Sa Majesté le Roi Mohammed VI le 18 mai 2011, le tramway relie les centres villes de Rabat et de Salé sur un linéaire de 20 km constitué de 31 stations, et dessert les principaux pôles d’activité: centres administratifs, universités, hôpitaux, gares ferroviaires et routières. Le réseau 2011 comporte deux lignes qui ont un tronc commun de 3 km au niveau du pont Hassan II :
• Ligne 1 : de Tabriket à Salé à la Cité Universitaire de Rabat ;
• Ligne 2 : de Bettana à Salé au quartier l'Océan à Rabat, en longeant la Médina.
Le tramway transporte aujourd'hui près de 60 0000 voyageurs par jour. Des extensions du réseau actuel, ainsi que la réalisation de deux lignes supplémentaires reliant les centres villes de Rabat et Salé à Akreuch et Sala Al Jadida, sont prévues sur le moyen terme.
Les travaux de réalisation du tramway avaient été lancés par l'Agence du Bouregreg au 1er trimestre 2007, en partenariat avec les Communes Urbaines de Rabat et de Salé, pour un budget d’investissement de 3,5 Milliards de DH TTC. La Société du Tramway de Rabat-Salé (STRS), filiale de l’Agence du Bouregreg, assure la maîtrise d’ouvrage de l’opération et son exploitation de manière indirecte.
Pour plus d’informations : www.tramwayrabatsale.comwww.tram-way.ma
Ponts :
a. Pont Hassan II :Le pont Hassan II permet de soulager la circulation urbaine entre Rabat et Salé, tout en protégeant les sites historiques et les populations de l'ancienne médina de la pollution atmosphérique et sonore. D’une longueur de 1,2 km, le pont est composé de trois ouvrages comprenant 2 voies piétonnes, la plateforme du tramway, des voies pour les deux roues et 3 voies pour la circulation automobile dans chaque sens. Haut de 13 mètres, il facilite l'accès des bateaux et permet la navigabilité du fleuve Bouregreg jusqu'aux limites du pont ONCF en amont.
Dessiné par le cabinet d’architecture et d’ingénierie Marc Mimram, le pont Hassan II se distingue par son architecture et son insertion urbaine, ainsi que par la grande technicité qui commande l’opération de sa construction. Sa réalisation a fait appel à des techniques de pointe, novatrices et qui en font le premier ouvrage d’art en béton hautes performances de teinte claire au Maroc s’inscrivant dans la durabilité.
Le pont Hassan II a été inauguré par Sa Majesté le Roi Mohammed VI et mis en service le 18 mai 2011. Les travaux avaient démarré en décembre 2007, pour un montant d’investissement de 1,2 Milliards de Dirhams HT.
b. Nouveau Pont Moulay Youssef : Situé entre le pont El Fida et le pont Hassan II, le nouveau pont Moulay Youssef facilitera le franchissement du fleuve Bouregreg. D’une longueur de 200 m et d’une largeur de 22 m, ce pont viendra renforcer les infrastructures de transport de la Vallée du Bouregreg en absorbant près de 17% du trafic actuel, et cela dès sa mise en service en février 2013. Le trafic du pont Hassan II sera ainsi considérablement réduit, ce qui permettra de fluidifier le franchissement du fleuve Bouregreg.
Les travaux du nouveau pont Moulay Youssef, qui ont été lancés en janvier 2012, mobiliseront un budget de 145 millions de DH.
Tunnel des Oudayas :
La réalisation du tunnel sous les Oudayas s’inscrit dans le cadre de la mise à niveau des infrastructures de transport de la Séquence I de l'aménagement de la Vallée du Bouregreg. Ce tunnel routier de 2x2 voies s’étend du carrefour giratoire de Bab Al Bahr au Club de Surf des Oudayas (côté océan) sur une longueur totale de 1 km, en passant sous les bâtiments historiques de la Kasbah.
Le tunnel des Oudayas permet de décongestionner la circulation sur la route d’Al Marça. En effet, le trafic des véhicules automobiles atteignait une moyenne supérieure à 30 000 véhicules par jour, dont 3 500 poids lourds et autocars. Par ailleurs, le tunnel permettra à terme de restituer la continuité historique entre la médina et les Oudayas, avec l’aménagement futur de la place Souk Lghzel en espace public.
Le lancement des travaux du tunnel a eu lieu en avril 2007 pour un délai de réalisation prévisionnel de 41 mois et un coût de construction et d’équipement de l’ordre de 500 Millions de DHS HT. Les études techniques du tunnel ont été réalisées par le groupement CID-LOMBARDI S.A., et les travaux de réalisation ont été menés par le groupement italien Pizzarotti-Alpi de Co.
Le percement du dernier tronçon du tunnel sous la muraille des Oudayas a eu lieu en octobre 2010, après les travaux de soutènement et de reprise en sous-œuvre. Le tunnel des Oudayas a été mis en service le 18 mai 2011.
2 - Mémoire du lieu
La Vallée du Bouregreg est bordée de monuments historiques classés patrimoine mondial. Ces repères retracent le passé glorieux du site et soulignent la diversité des traditions liées à l’héritage culturel des populations de Rabat et Salé.
Dans sa démarche de préservation de la mémoire du lieu, l’Agence du Bouregreg œuvre pour la réhabilitation et la mise en valeur des sites à haute portée symbolique, et pour leur intégration dans un ensemble de signes urbains qui se fondent dans la continuité de l’Histoire. En effet, les sites historiques majeurs, concentrés dans la partie aval de la vallée, doivent être préservés et mis en relation les uns avec les autres pour former sur toute l'étendue de la vallée un réseau complet de lieux remarquables.
L’Agence du Bouregreg ambitionne également de créer de nouveaux repères qui inscriront, dans le grand ensemble de l’agglomération, un témoignage vivant de notre époque.
Histoire de la vallée :
La Vallée du Bouregreg est un site chargé d’histoire. Chacune des principales périodes historiques y a laissé des témoignages importants. Les éléments naturels du site, et sa position à l’embouchure du Bouregreg l’ont fait choisir comme havre naturel depuis des siècles. La présence d’un fleuve pérenne a renforcé sa position stratégique et son ouverture sur le monde atlantique, mais surtout vers le monde méditerranéen.
. Une présence qui remonte aux origines de l’humanité :
La présence humaine dans la vallée du Bouregreg est attestée par de nombreuses découvertes archéologiques. L’Homme de Rabat et l’Homme de Salé sont découverts dans les grés dunaires en 1934, respectivement à Kébibat et à Dar Caïd Belaroussi. Les études les font remonter à 165 000 ans ; ces hommes sont des Atlanthropes. La présence humaine se retrouve à la grotte de Dar Es Soltane, sur la côte au Sud-Ouest de Rabat, qui semble avoir été occupée de l’Atérien au Néolithique.
. Sala : La première organisation humaine dans la vallée :
A l’instar de Tingis, Lixus et Essaouira, Sala fait partie de ces comptoirs que les Phéniciens et les Carthaginois fondèrent pour relayer leur commerce. A Sala, la céramique punique la plus ancienne date du IVe siècle av. JC. Dès cette époque, la vallée s’ouvre au commerce méditerranéen. Elle échange des produits de son hinterland (laine, peaux, blé, etc.) qui resteront ses productions traditionnelles. La ville marquait alors la limite la plus méridionale de l’Empire Romain.
. Salé : Naissance d’une deuxième ville sur la rive droite :
Sala disparaît au IVe siècle, pour ne réapparaître qu’au IXe siècle, en tant que Chellah. Il semble que c’est pour fuir les attaques des Berghaouta et pour les contenir au nord que la nouvelle cité est fondée sur la rive droite du fleuve Bouregreg; elle était alors la capitale de la principauté Beni Ifren. Salé s’avère très vite une ville industrieuse et commerçante. Elle participe dès le XIe-XIIe siècle au commerce Méditerranéen et échange avec les marchands de Pise et Gênes. Elle joue également le rôle de base maritime et navale.
Actions en cours (2013) :
L’Agence pour l’Aménagement de la Vallée du Bouregreg a entamé en janvier 2012 d’importants travaux de mise en valeur de la Place Bab Mrissa à Salé, sur une superficie de 6,9 hectares. Les travaux permettront de mettre en valeur ce site historique et de restituer sa splendeur d’antan.
Un recul important sera réalisé afin d’assurer une bonne visibilité des murailles et des portes à partir des principaux cônes de vue. Les proportions d’origine de la muraille seront partiellement restituées, et une opération de restauration sera menée, incluant le traitement des fissures, la mise en place des pierres de taille manquantes et la pose d’une couche d’enduit de finition sur la muraille. Des études ont été menées par un bureau d’étude agréé, confirmant la stabilité de la muraille et des portes à l’issue des travaux.
Cette opération d’aménagement permettra également de créer un lieu de vie autour de la porte Bab Mrissa. En effet, divers traitements paysagers sont prévus, ainsi que la mise en œuvre d’une scénographie qui érigera ce site en véritable espace d’attraction. L’esplanade de Bab Fès sera également aménagée sur une superficie de 1.130 m² en esplanade événementielle.
Un plan d’accessibilité adapté est prévu dans le cadre de cette opération. Une double voie carrossable de 9,5m sera maintenue pour assurer l’accessibilité des voitures et des deux roues à la médina de Salé. L’aménagement intégrera les flux piétons existants et futurs en tenant compte des liaisons entre la médina et les quartiers avoisinants. Enfin, des aménagements spécifiques seront réalisés pour assurer l’accessibilité des personnes à mobilité réduite.
3 - Citoyenneté
L’Agence du Bouregreg place l’action sociale au cœur de son programme de développement qui vise à réhabiliter le site pour le bien-être des citoyens et à promouvoir les divers métiers existant dans la vallée.
Dans sa démarche, l’Agence prend en compte les caractéristiques démographiques, sociales et économiques des populations concernées, afin d’assurer l’adéquation entre l’offre et les besoins. Les actions mises en place sont complétées par des mesures d’accompagnement économique, social et psychologique, pour permettre une amélioration effective du cadre de vie des bénéficiaires.
Dans cet esprit, l’Agence a réalisé des études d’impact de nature à préserver l’environnement naturel et humain. L'Agence a également signé un accord avec l’ANAPEC pour assurer le recrutement de profils adaptés au chantier, et éventuellement la formation pour les besoins du projet, ainsi que la mise à niveau des activités traditionnelles et artisanales, et la gestion de l’interface avec la société civile et les autorités locales.
Actions en cours (2013) :
Depuis le lancement des travaux d'aménagement de la Vallée du Bouregreg, diverses actions sociales ont été menées par l’Agence du Bouregreg afin d’améliorer les conditions de vie des catégories défavorisées et de promouvoir les principaux métiers existants dans la vallée, notamment:
• La construction d’une nouvelle halle aux grains à l’entrée de Rabat ;
• La réalisation d’un nouveau port de pêche aménagé et équipé, afin de mettre à niveau l’activité des pêcheurs et de garantir la continuité des activités de pêche sur le site ;
• L’accompagnement social et l’indemnisation des barcassiers effectuant la traversée Rabat-Salé, et cela jusqu’à la fin des travaux d’aménagement;
• L’éradication de l’habitat insalubre au niveau de la médina de Rabat (Mellah et Fondouks);
• La relocalisation, l’indemnisation et l’accompagnement social des ménages de Douar Jdid, site du centre de maintenance du tramway de Rabat-Salé ;
• Le relogement et l’indemnisation des ménages de Cardona, faisant face à Bab Lamrissa, en raison de travaux du Pont Hassan II ;
• La mise en place d’un plan de restructuration pour les potiers de l’Oulja, en partenariat avec la Délégation de l’Artisanat ;
Par ailleurs, l'Agence prévoit d’étudier l’impact de l’aménagement du Bouregreg sur les riverains et d’analyser la perception du projet par les populations à travers l’organisation de focus groups.
4 - Environnement
La Vallée du Bouregreg se distingue par la grande qualité de ses paysages urbains et ruraux. C'est à la fois le poumon de l'agglomération de Rabat-Salé et l'espace central qui réunit les grandes zones vertes régionales dans un ensemble cohérent.
Longtemps marginalisée, la vallée s’était progressivement transformée en dépotoir clandestin : déchets solides, rejets d’eaux usées et lixiviat dans les eaux du fleuve, exploitation anarchique des carrières pour l’extraction des matériaux de construction, dégradation des massifs forestiers, urbanisation anarchique, etc.
Dans sa démarche intégrée, l'Agence du Bouregreg accorde un intérêt particulier à la préservation de l'écosystème et à la protection et la mise en valeur des paysages naturels de la vallée. La priorité est donnée à la dépollution de la vallée et du fleuve, la réhabilitation et le reboisement des carrières et la sauvegarde du site naturel dans son ensemble. L'Agence a mis en place une politique de développement durable favorisant l'efficacité énergétique par une gestion rationnelle de ses ressources en appuyant fortement la généralisation de la Haute Qualité Environnementale.
Diagnostic :
A ce jour, la situation de la vallée du Bouregreg est loin de satisfaire les objectifs assignés à cette zone qui, dans l'esprit de tous, devrait constituer un site écologique, sportif et récréatif pour l’agglomération de Rabat-Salé.
Malgré les profondes modifications introduites par l'Homme dans le paysage de la vallée, on peut encore parler d'une certaine qualité scénique en général, et de grands bassins visuels dans certains endroits, notamment, les îlots ou niches ornithologiques, les méandres en face du Chellah, et l'estuaire lui-même. Par conséquent, on peut considérer que certaines valeurs paysagères se maintiennent encore dans un écosystème sérieusement menacé par les agressions liées au développement urbain.
Sur le plan écologique, la faune et la flore de la vallée sont très riches en espèces et reflètent une large biodiversité. Les enclaves proches du cours d'eau accueillent de nombreuses espèces de poissons, d'oiseaux, d'amphibiens, de mammifères et de reptiles qui se sont très bien adaptés à ces habitats. Par ailleurs, l'humidité environnante favorise le développement de la végétation tout au long de l'année – malgré les dégradations de certaines zones, dues à la forte pression anthropique - ce qui bénéficie à de nombreuses espèces d'animaux.
Les possibilités paysagères offertes par la vallée du Bouregreg sont menacées par diverses agressions. Le site reçoit des rejets liquides et solides et abrite de nombreuses habitations insalubres et carrières présentant une menace pour l'environnement. En plus de ces exutoires d'eau usée, on note la présence d'un nombre important d'écoulements diffus qui se déversent dans la vallée.
Une vingtaine de carrières est recensée dans la vallée. Ce sont des carrières à ciel ouvert destinées à la production des matériaux de construction. Elles présentent des nuisances à l'environnement naturel et socio-économique de la vallée tels que la détérioration de la qualité de l'air, la dégradation du paysage, le grignotage accru sur la végétation naturelle, et l’insécurité.
Actions en cours (2013) :
a. Assainissement liquide :
Les efforts déployés par l'Agence du Bouregreg en matière d'assainissement liquide consistent à intercepter les rejets d'eaux usées et les acheminer vers les réseaux existants de la REDAL au moyen de stations de relevage. L'Agence s'est fixée comme objectif d'intercepter les 89 points de rejet dans le fleuve en collaboration avec les services de la REDAL. Une dizaine de rejets ont déjà été interceptés au niveau de la Séquence Bab Al Bahr. A l'heure actuelle, les efforts sont concentrés sur deux points « noirs », notamment celui localisé en contrebas du quartier industriel de Youssoufia à Rabat et celui du quartier de Bettana à Salé.
Par ailleurs, l'Agence étudie l'opportunité de mettre en place une unité de traitement des eaux usées par bio-épuration, dans le cadre du FASEP Vert (Fonds d'Aide au Secteur Privé). L'étude de faisabilité de ce projet est en cours.
b. Réhabilitation de la décharge de l'Oulja :
La réhabilitation de la décharge de l'Oulja est le premier chantier auquel s'est attelé l'Agence afin de protéger le secteur immédiat et alentour de la décharge. Le site a été fermé et réhabilité à travers la mise en œuvre d'un programme comprenant diverses actions :
- La préparation des zones de travaux, incluant l'assèchement de la zone en aval du site, le nettoyage de cette zone ainsi que la purge de tous les matériaux souillés impropres à recevoir des remblais sous l'assise de la digue;
- La création d'une digue périphérique à l'aide de matériaux argileux;
- Le déplacement des déchets conformément au plan de profilage;
- La mise en œuvre en remblai d'une couche de matériaux argileux d'un mètre surmontée d'une couche de terre végétale;
- La mise en place de réseaux de drainage pour les eaux pluviales, et pour la collecte du lixiviat et du biogaz.
Source: Agence Pour l'Aménagement de la Vallée de Bouregreg