Le personnage de Mouha ou Hammou ne peut être traité en dehors du contexte historique du XIXe siècle et du XXe siècle
et le rôle des puissances coloniales (espagnol, portugaise, britannique, française, du Reich, italienne....), qui ont fait
du Maroc un lieu de règlement de leurs comptes. à titre d'exemple, le 31 mars 1905, lors de la crise marocaine, Guillaume II
soutint le Maroc contre la France à Tanger, en 1906.
16 janvier au 7 avril : La conférence internationale d'Algésiras sur le Maroc est un succès pour la France et démontre
l'isolement diplomatique de l'Allemagne. Selon les déclarations du général Ditte, qui imposa alors à Paris une décision
audacieuse : « Je donnerai tout ce que l'on me demandera et je garderai ici tout le Maroc conquis (...) comme un réservoir
où je puiserai pour alimenter sans cesse nos forces en Europe (...) »
Mouha ou Hammou issu d'une famille envoyée par le sultan de la dynastie alaouite Moulay Slimane en 1791, parmi les 4215
soldats pour soumettre les tribus d'Ichkirne Elkbab et d'Ait Soukhmane(Aghbalou) influencés par l'idéologie maraboutique
de Sidi Ali Amhaouche, secte hostile à l'autorité du Makhzen (de tendance wahhabiste salafiste). Ses tribus ont un mauvais
passé avec le sultan Moulay Slimane connu pour sa fermeté contre les zaouia, dans le cadre des réformes qu'il veut
instaurer au Maroc. Les tribus berbères voyaient dans ces réformes une menace qui pourrait mettre en péril leur existence,
la riposte des tribus berbères aboutira à la défaite des troupes du Makhzen en 1818 au Moyen Atlas.
Son nom Mohammed dit Mouha ou Hammou (parfois aussi "Zayani" ou "Ousaid") ben Akka ben Ahmed surnommé "Amahzoune ben
Moussa", il fut nommé Caïd sur les Zayanes (Khénifra) par le sultan Moulay Hassan I en 1877.
Selon le bibliographe Ahmed Al Mansouri, dans son manuscrit : qui le décrit comme grand leader charismatique, militaire
et politique, il avait été obstacle pour la mainmise coloniale sur le haut et le moyen Atlas, malgré divers promesses
prodigieuses proposées, le chef militaire de la région de Meknès Henris avait envoyé le caïd Driss Ourahou Lamtiri
d'Elhajeb en tant qu'émissaire pour gagner l'estime de Mouha ou Hammou, déjà Lyautey avait échoué de le convaincre à se
soumettre par l'intermédiaire des personnalités influentes au sein du Makhzen en particulier le premier ministre Driss El
Boukili et le Pacha de Boujaad Hadj Driss Cherkaoui. Mouha ou Hammou refusa tout compromis et choisit de continuer la
lutte armée, contraint de quitter la Kasbah (aujourd'hui défigurée) de Khénifra et d'Adekhssal pour se réfugier dans les
montagnes où il mena des opérations de guérilla sporadiques d'usures sans impact militaire sur les légionnaires de Charles
Mangin, jusqu'à sa mort le 27 mars 1921 (surnommé Amahzoune en raison de ses cheveux longs qu'il portait).
Mouha ou Hammou succéda ses prédécesseurs pour continuer sa domination sur la tribu des Zayanes au XIXe siècle, en tant
que représentant du sultan Moulay Hassan I, dans le but de pacifier les tribus berbères et de consolider la foi islamique,
seul leitmotiv qui peut motiver les berbères, en vue de faire obstacle aux menaces de christianisation des berbères par le
biais d'espions (service des affaires indigènes) et d'orientalistes toute discipline confondue, expéditeurs exemple à citer
le père Charles de Foucauld (1858-1916) connu pour ses travaux d'une utilité extrême, qui serviront de base pour la
conquête du Maroc (durant 12 mois Charles de Foucauld parcourt le Maroc sous l'habit d'un voyageur juif, muni d'un cahier
et d'un crayon. En 1885, il est en pleine rédaction du fameux livre "La reconnaissance au Maroc", source considérable
d'informations géographiques et ethnologiques où il décrit notamment les Zayanes et d'autres tribus, qui lui vaudra la
médaille d'or de la Société de géographie de Paris).
Même des peintres comme Ankarcrona Henrik August. Ce peintre fut auparavant colonel dans l’armée suédoise puis entra au
service de la France et fit la campagne du Maroc en 1859. L’année suivante, il servit l’armée espagnole. Toutes ces travaux
marqueront la phase préparant la colonisation du Maroc au XIXe siècle. Profitant de la faiblesse de l'autorité du Makhzen
des sultans Moulay Abdelaziz (1878-1943), et Moulay Hafid (1873-1937), et celle du climat politico-social qui y régnait
(Siba), la France commença à exécuter le scénario colonialiste de René de Ségonzac et du général Bugeaud en bafouant
toutes les clauses du traité de 1845 signés avec le Makhzen (selon les notes confidentielles du 18/12/1898).
En 1883, à l'âge de 20 ans, Mouha ou Hammou remplaça son frère à la tête des tribus Zayanes, il s'est imposé en tant
que chef guerrier incontestable en 1905, sa popularité ne cesse de s'affirmer en dehors de Khénifra, est sera nommé caïd
par le Sultan Alaouite Moulay Hassan I en 1886. Sa renommée a eu un écho dans toute la région Meknes, de la Chaouia, et de
Tadla.
Figure légendaire et énigmatique de l'histoire de Khénifra et du Maroc, Mouha ou Hammou se sent humilié par le traité
d'Algesiras (1906) reconnaissant aux français le droit d'intervenir au Maroc, dans le cadre du programme dit:
"la pacification du pays" (œuvre du Maréchal Lyautey). Après l'occupation d'Oujda et de Casablanca en (1907). Mouha Ou
Hammou Zayani engage les zayanes d'intervenir au côté des Chaouias dans la bataille de Mediouna en (1908).
Le contingent des Zayanes intervient avec l'aide de Mohand N'hamoucha, caïd des Beni M'tir à Fès contre le mouvement
français en (1911) sous le commandement du général Moinier[1]. Après la signature du protectorat, Mouha Ou Hammou continue
sa lutte sans répit, après la mort suspecte du sultan Moulay Hassan I, il organise des interventions en dehors de la
tutelle du Makhzen, qui selon lui, s'agit d'un jeu politique orchestré par le puissant chambellan Ahmed dit: "Bahmad"
(1841-1900), qui cachera la mort de Moulay Hassan I(1894) et organisa la Beyaâ sans le consentement des oulémas de Fès,
pour éviter toute confrontation avec ses opposants, il quitta Fès pour Marrakech et dirigea le pays avec tyrannie jusqu'à
sa mort en 1900, le sultan Moulay Abdelaziz se trouva face à un pays en ruine se qui rendra sa tâche de gouverner très
délicate dans un milieu politique confiné, il perd alors sa popularité, l'image du sultan se ternit surtout après la
ratification du traité d'Algésiras. Plusieurs foyers insurrectionnels éclatèrent dans le pays, suite à des réformes
fiscales suggérées par ses conseillés notamment celles du fameux britannique Harry Aubrey de MacLean (1848-1920)[2] qui en
1877, s'installa au Maroc au service du sultan Moulay Hassan I en tant qu'instructeur dans l'armée du Makhzen, sa carrière
militaire lui a valu la confiance du Sultan et de son successeur, il proposa au sultan d'instituer l'impôt sur les biens
agricoles "le Tartib".
La situation socio-politique se dégrade en faveur de la France.Mouha ou Hammou opta pour la rébellion et participa
activement au coté des rébellions aux confins de Khénifra, mais toutes ses interventions n'ont pas été fructueuses, il
s'est avéré que certaines Zaouias ont portés leur soutient discret au colonisateur, ce qui explique la défaite de Mouha ou
Hammou, suite aux soumissions de certaines tribus. Son projet anti-colonialiste s'est volatilisé, malgré son fiasco lors
de la campagne du Maroc, Mouha ou Hammou Zayani reste une figure symbolique de l'esprit combatif héréditaire des tribus
berbères, couplée avec l'influence islamiste fervente de son compagnon de combat Fqih Mohammed Belarbi Alaoui qui quitta
la ville de Fès après la soumission de l'élite intellectuelle Fassi issue des courants maraboutiques favorables à la
France, la fidélité à ses principes religieux et son patriotisme authentique l'engagea au Moyen Atlas au côté de Mouha ou
Hammou Zayani.
Après la défaite des Zayanes, Mohammed belarbi rejoigna Abdelkrim El Khattabi au Rif pour continuer sa lutte contre les
espagnoles.
Les interventions de Mouha ou Hammou :
En Chaouia (1908)
contre le colonel Mangin (surnommé le boucher) à Oued Zem (1913)
contre le commandant Aubert à Tadla (1913)
contre Duverdier (13 novembre 1914)
Ces batailles se déroulèrent avant la prise de Khénifra en (1914) par Berger, qui sera marquée par la bataille d'Elhri le
13 novembre 1914 où la colonne française (1273 militaires) sous le commandement de l'officier Laverdure, subit une large
défaite. Cette bataille précéda l'intervention féroce des colons français, ce fut une surprise inattendue pour Mouha Ou
Hammou, la revanche contre l'assaillant ne tardera pas à prendre effet et riposter immédiatement avec l'aide des berbères
confédérés. Des milliers de cavaliers faiblement armés s'opposèrent farouchement malgré l'avantage technologique des
légionnaires : déploiement de canons, de fusils mitrailleurs. La défaite des envahisseurs était au rendez-vous, selon la
littérature française plus de 600 morts.
Du côté des amazighs on ignore le nombre des mort, selon des témoins il y avait une dizaine de morts dans chaque tribu. La
participation massive des confédérations Amazighes unies autour d'un seul leader en la personne de Mouha ou hammou se
réalise pour la première fois. On notera que les services secrets du Reich Prussien de Guillaume II sont présents aux
côtés des marocains, avec la bénédiction du sultan; rivalité coloniale oblige (La crise franco-allemande pour la
domination du Maroc), ils opéraient à partir de Tanger, qui représentait à cette époque un centre important pour les
espions.
Malgré cette résistance Khénifra sera définitivement sous les bottes du colonialiste déguisé en pacificateur. L'intrigue
française prend effet : par la division des Zayanis, d'une part les anti-colonialistes, qui seront contraints de quitter
les territoires conquis, les terre des insoumis seront spoliées au profit des caïds, d'autre part les pro-colonialistes au
sein même de la famille de Mouha ou Hammou, son fils Hassan est nommé Pacha sur les Zayanes après sa soumission au général
Poeymirau le 2 juin 1920, il devient ainsi grand propriétaire terrien (50.000 hectares de terre appartenant à la jemaa) ce
qui aboutira au déséquilibre de la structure sociale des tribus Amazighes attachés profondément à leurs terres qui
détermine leurs espace vital pour leurs troupeaux et l'essence de leur existence étant donné que les tribus sont des
nomades à la recherche des pâturages qui par principe appartiennent à la collectivité (terre Jemaa), ce système de
pastoralisme renforce les liens entre les membres de la tribu. On assiste à l'effritement d'un système social.
Malgré l'attitude modéré du résident Lyautey envers les populations rurales, il ne veut pas répéter ce qui à été produit en
Algérie, contrairement à ses prédécesseurs comme le résident, général Théodore Steeg qui adopta une politique en faveur
des colons. Voyant leurs terres exploiter par les colons dont le nombre ne cesse de s'accroître, les Amazighs continuent
le combat à Tazagzaout (Tazizawt), dernier bastion de la rébellion berbère (1932).
(L'origine de cet article historique: https://atlas-platains.piczo.com)