Tineghir est au centre d’une des plus belles oasis du sud marocain. Cette palmeraie luxuriante s’étend sur environ 30
km sur 500 à 1500 m de large en suivant l’oued Todgha. Au sortir des Gorges, l’oued Todgha se fraie difficilement un
passage sur les pentes sud du grand atlas (Tizgui), puis débouche dans la grande plaine pour serpenter légèrement sur une
vingtaine de kilomètres jusqu’à Ferkla. La palmeraie de Todgha, très dense et très étendue, se compose uniquement des deux
rives de l’assif Todgha, elle est irriguée par un réseau de canalisations qu’on appelle tirgouine (pluriel de targua).
Absorbée par un grand nombre de ces canaux d’irrigation, l’eau de l’assif Todgha n’arrive généralement pas jusqu’à Ferkla.
Son lit traverse Ferkla pour ensuite se jeter dans le Ghris, mais l’eau n’y arrive que lors de fortes crues et cela ne dure
généralement que quelques jours.
Géographie naturelle
Tineghir est une immense oasis s'étendant sur environ 30 Km de longueur et variant de largeur entre quelques kilomètres
en amont et 4 Km en aval.
Le climat de la région de Tinghir est du type aride des régions subtropicales, c’est à dire chaud et sec, auquel s’ajoutent
des hivers frais, en relation avec l’altitude (1430 mètres environ). Il n’y pleut que quelques journées par an, les
précipitations les plus importantes ayant lieu surtout en automne et en hiver.
La région de Tineghir est coincée entre deux massifs montagneux, s’étendant sur plus de 700 km de long, du sud-ouest au
nord-est du Maroc : Le Haut Atlas au nord culminant à plus 4167m (Adrar Toubkal). L’Anti-Atlas au sud dont le Adrar Sarhro
est la continuité. On parle alors de sillon Sud-Atlasique, où se situe d’ailleurs la route allant de Ouarzazate à Imtghren.
Pendant l’ère secondaire, cette région a été envahie périodiquement par la mer, d’où d’épais dépôts de sédiments riches en
fossiles marins (les ammonites étant largement représentées). La surrection de l’atlas, durant le tertiaire principalement,
provoque le retrait de la mer et les déformations des strates de roches (plis, failles). L’érosion éolienne et fluviale
finit de façonner ce paysage désertique de roches calcaires et argileuses.
La rivière Todgha a creusé au cours du temps ces couches de roches, ce qui a donné naissance à d’impressionnantes gorges
hautes de 300m mais larges seulement de 10m à certains endroits. Cette rivière s’élargit ensuite et sur ses bords se
développe un oasis de verdure (potagers, palmiers dattiers…) tranchant radicalement avec les couleurs ocre rouge de ce
désert de pierres (reg)
Tinghir se replonge dans son histoire juive le temps d'un film
Source: nouvelobs.com / Publié le 23-04-2014
Tinghir (Maroc) (AFP) - Le temps d'un film, la ville de Tinghir, blottie dans une majestueuse vallée, s'est replongée dans son passé, lorsque juifs et musulmans vivaient ensemble, dans un Maroc qui accueillait la plus grosse communauté juive d'Afrique du Nord.
Dans les années 1950, le Maroc comptait près de 300.000 citoyens juifs. Mais les conflits israélo-arabes successifs et les appels à l'émigration vers la Terre sainte ont fini par ramener cette présence à moins de 5.000 âmes.
Parmi les villes qui témoignent de cette histoire figure Tinghir, cité de quelques dizaines de milliers d'habitants au pied du Haut-Atlas et au cœur du Maroc berbère.
Dimanche, à quelques encablures de sa magnifique palmeraie et du mellah, son ancien quartier juif, près de 400 personnes ont assisté à la diffusion inédite de "Tinghir-Jérusalem, les échos du Mellah", du réalisateur franco-marocain Kamal Hachkar.
"Mon œuvre parle d'un moment très particulier où juifs et musulmans ont vécu ensemble sur cette terre berbère, au fin fond du sud-est marocain", explique à l'AFP M. Hachkar, pour qui "cette histoire parle à tout le monde car elle développe des thématiques universelles sur l'exil, la perte de l'autre".
- "Dans nos mémoires" -
L'an dernier, la projection de ce documentaire au festival du cinéma de Tanger (nord) avait suscité la polémique: près de 200 personnes, pour la plupart islamistes, avaient manifesté, fustigeant une tentative de "normalisation avec Israël".
"Certains m'ont accusé de travailler pour le Mossad. Mais la plupart de ces gens n'ont jamais vu le film!", se lamente encore Kamal Hachkar.
Cette fois, à Tinghir, c'est l'émotion et non la controverse qui se lit dans le regard des spectateurs.
Daoud, artisan centenaire, est de ceux qui peuvent raconter cette histoire commune aux jeunes générations.
"Entre juifs et musulmans, on s'est toujours entendu", assure-t-il. "La religion nous séparait, mais le bien, lui, nous réunissait: le départ des juifs a provoqué un vide et ils sont toujours dans nos mémoires."
Dans le public, quelques juifs, venus de l'étranger et d'autres de Casablanca, à plusieurs centaines de kilomètres.
"Pour moi, ce film est le symbole de l'amour et de la fraternité entre Marocains, sans distinction", juge Jauk Elmaleh, un musicien de Casablanca.
"Cette histoire est la nôtre et continuera à l'être, quels que soient les enjeux et manipulations", renchérit Fanny Mergui.
Cette juive marocaine a émigré à l'âge de 16 ans en Israël, mais elle l'assure: "Je suis née avec une étoile de David et un croissant de lune sur la tête. Cette terre, nous la portons en nous pour l'éternité".
- "Etrangeté" -
Il aura fallu cinq ans à Kamal Hachkar, entre le sud marocain et Jérusalem, pour raconter cette petite histoire dans la grande.
En 2011, Nabil Ayouch, un autre réalisateur franco-marocain, avait traité du conflit israélo-palestinien à l'aune de sa propre expérience, celle d'un enfant né d'un père musulman et d'une mère juive tunisienne.
Rien de cela a priori pour Hachkar, marocain musulman et berbère comme il en existe des millions dans le pays.
"J'ai appris qu'il y avait des juifs au Maroc par mon grand-père. Avant je pensais que tous les Marocains étaient musulmans. Tout à coup, ça m'a ouvert l'esprit", commente-t-il.
"Moi qui, jeune, me sentais comme une étrangeté, à la fois Marocain et Français, dans la Normandie profonde, je me suis identifié à cette autre étrangeté", poursuit-il.
Au Maroc, les autorités se disent fières de cette diversité et reconnaissent la possibilité aux citoyens de donner des prénoms musulmans, berbères ou juifs à leurs enfants.
Mais dans le même temps, un débat fait rage autour de la "normalisation avec Israël". L'an dernier, deux propositions de loi visant à sanctionner tout séjour dans l'Etat hébreu ont vu le jour. L'une d'elle a depuis été retirée. En allusion à ces démarches, le président palestinien Mahmoud Abbas a exhorté au contraire les Marocains à visiter "Al-Qods" ("Jérusalem").
Le mois dernier, c'est une liste noire des "normalisateurs", publiée par l'"Observatoire marocain pour la lutte contre la normalisation", qui est venue alimenter la chronique.