L'histoire est pratiquement muette sur Agadir avant le XIIe siècle.
Au IIe siècle av. J.-C., l'historien Polybe évoque au nord de l'Afrique, sur l'Atlantique, un Cap Rhysaddir, qui pourrait
avoir été situé non loin d'Agadir; sa localisation est encore en débat.
La plus ancienne attestation cartographique que l'on trouve à propos d'Agadir apparait sur une carte de 1325 : à
l'emplacement approximatif de la ville actuelle, l'indication d'un lieu nommé Porto Mesegina, d'après le nom d'une tribu
berbère déjà citée au XIIe siècle, les Mesguina, c'est-à-dire les Ksima.
à la fin de l'époque médiévale, Agadir est un bourg de peu de notoriété; le nom même, Agadir el-arba, est attesté pour la
première fois en 15103.
En 1505, les Portugais, déjà installés sur les côtes marocaines, fondent un comptoir et une forteresse au pied de la
colline devant la mer, Santa Cruz do Cabo de Aguer (Sainte Croix du Cap Ghir), à l'emplacement du quartier aujourd'hui
disparu de Founti, (nommé ainsi d'après le mot portugais fonte qui veut dire fontaine).
Rapidement, les Portugais sont en butte à l'hostilité des tribus de la région. Dès 1530, ils sont bloqués dans Santa Cruz.
Le reflux portugais s'amorce quand le 12 mars 1541 le Chérif Saâdien Mohammed ech-Cheikh s'empare de la forteresse de Santa
Cruz de Aguer. Six cents survivants portugais sont faits prisonniers, dont le gouverneur Guterre de Monroy et sa fille Dona
Mecia. Les captifs sont rachetés par des religieux, venus spécialement du Portugal. Dona Mecia, dont le mari avait été tué
lors de la bataille, devient l'épouse de Mohammed ech-Cheikh mais meurt en couche, en 1544. La même année, Mohammed
ech-Cheikh fait libérer le gouverneur Guterre de Monroy, qu'il avait pris en amitié.
Les positions portugaises acquises entre 1505 et 1520 vont en régressant. Après la perte d'Agadir, les Portugais doivent
abandonner Safi et Azemmour. Le Maroc commence à avoir moins d'importance pour le Portugal qui se tourne désormais vers les
Indes et le Brésil. Après 1550, les Portugais ne tiennent plus au Maroc que Mazagan, aujourd'hui El Jadida, Tanger et Ceuta.
En 1572, la Casbah est construite au sommet de la colline par Moulay Abdallah el-Ghalib, successeur de Mohammed
Ech-Cheikh. C'est désormais Agadir N'Ighir, littéralement, le grenier fortifié de la colline en tachelhit.
Au XVIIe siècle, sous le règne de la dynastie berbère du Tazeroualt, Agadir devient une rade d'une certaine importance,
développant les échanges avec l'Europe. Il n'existe pas alors de véritable port, mais une simple jetée, dite jetée
portugaise, qui a subsisté jusqu'à la fin du XXe siècle. D'Agadir partent notamment du sucre, de la cire, du cuivre, des
cuirs et des peaux6. Les Européens amènent leurs produits manufacturés, notamment des armes et des tissus. Sous le règne du
sultan Moulay Ismail (1645-1727) et de ses successeurs, les échanges avec la France, jusque-là actif partenaire, régressent
au profit des Anglais et des Hollandais.
En 1731, un sévère tremblement de terre frappe la ville. En 1746, les Hollandais installent un comptoir au pied de la
Casbah, sous l'autorité du sultan, et participent sans doute à la restauration de la ville. Au-dessus de la porte d'entrée
de la Casbah, on peut encore voir l'inscription hollandaise « Vreest God ende eert den Kooning » qui signifie : « Crains
Dieu et honore ton roi ».
Après une longue période de prospérité sous les règnes saadien et alaouite , Agadir décline à partir de 1760, à cause
de la prééminence accordée, au port concurrent d’Essaouira, par le Sultan Alaouite Sidi Mohammed ben Abdallah, qui veut
châtier le Souss rebelle à son autorité. Ce déclin dure un siècle et demi. En 1789, un voyageur européen fait une brève
description d'Agadir : « C’est maintenant une ville déserte, il n’y a plus qu’un petit nombre de maison qui tombent en
ruines ».
En 1884, Charles de Foucauld décrit dans Reconnaissance au Maroc son rapide passage à Agadir, venant de l'est :
« Je longe le rivage jusqu'à Agadir Irir. Le chemin passe au-dessous de cette ville, à mi-côte entre elle et Founti :
Founti est un hameau misérable, quelques cabanes de pêcheurs; Agadir, malgré son enceinte blanche qui lui donne un air de
ville, est, me dit-on, une pauvre bourgade dépeuplée et sans commerce7. »
En 1911, l'envoi d'une canonnière allemande dans la rade provoque le Coup d'Agadir et fait brutalement apparaître Agadir
sur la scène mondiale. Invoquant un appel à l'aide d'entreprises allemandes de la vallée du Souss, l'Allemagne décide,
le 1er juillet 1911, pour protéger ses intérêts au Maroc et défendre ses prétentions sur le pays, d'envoyer une canonnière,
la SMS Panther, dans la baie d'Agadir, dont la rade était, depuis un siècle et demie, fermée au commerce étranger. Les très
vives réactions internationales, en particulier celle de la Grande-Bretagne, surprennent l'Allemagne. La guerre menace. Un
traité franco-allemand est finalement signé le 4 novembre 1911, laissant les mains libres à la France, qui va pouvoir
établir son protectorat sur le Maroc. C'est alors seulement que la canonnière Panther quitte la baie d'Agadir.
En 1913, la ville (Agadir N'Ighir et Founti) compte moins de mille habitants. Le 15 juin 1913 les troupes françaises
débarquent à Agadir. Après 1920, sous le protectorat français, un port est aménagé et la ville connait un premier essor.
Autour de 1930, Agadir est une étape importante de l’Aéropostale où Saint-Exupéry et Mermoz font escale.
Dans les années 1930 un centre-ville moderne commence à s'édifier, selon les plans de l'urbaniste et directeur du Service
de l’urbanisme du Maroc Michel écochard, sur un tracé en fer à cheval s'appuyant sur le front de mer, autour d'une grande
avenue perpendiculaire à ce front de mer, l'avenue Lyautey, aujourd'hui avenue du Général Kettani.
Après 1950 et l'ouverture du nouveau port de commerce, la ville, très dynamique, se développe avec la pêche, les
conserveries, l'agriculture, l'exploitation minière. Elle commence aussi à s'ouvrir au tourisme grâce à son climat et à ses
beaux hôtels. Plusieurs années de suite, Agadir organise le Grand Prix automobile du Maroc. En 1959, le port reçoit la
visite du yacht de l'armateur grec Aristote Onassis et de son hôte, Winston Churchill.
Le 29 février 1960, Agadir, qui compte alors plus de 40 000 habitants, est ravagée par un tremblement de terre de
magnitude 5,7 sur l'échelle de Richter, qui fait plus de 15 000 morts.
Agadir après 1960
La ville actuelle a été reconstruite 2 km plus au sud. Elle est devenue une grande ville (487 954 habitants en 2004), un
port important, le premier port sardinier au monde, et possède une plage célèbre s'étirant sur plus de 10 km. Son climat
offre 300 jours de soleil par an et permet de se baigner en toutes saisons; l'hiver y est exceptionnellement doux et la
chaleur de l'été jamais étouffante (la brume d'été n'y est d'ailleurs pas rare).
Premier pôle touristique (avec Marrakech) et premier port de pêche du Maroc, l’activité commerciale y est également en
plein essor avec l’exportation d’agrumes et de légumes de la fertile vallée du Souss. Avec ses immeubles blancs, ses larges
boulevards fleuris, ses hôtels modernes et ses cafés de style européen, Agadir n'est plus une ville typique du Maroc
traditionnel, mais c'est une cité moderne, active et dynamique.
La baie d'Agadir, par l'entremise du Conseil régional du tourisme d'Agadir, est membre du Club des plus belles baies du
monde.