Thamusida est un port fluvial de l'époque romaine au Maroc. La petite ville antique est située1 à 10 km à vol d'oiseau de la
ville actuelle de Kénitra et à environ 23 km à vol d'oiseau, au nord de Mehdia, sur la rive gauche du fleuve Sebou, au lieu dit Sidi Ali
ben Ahmed. Elle est approximativement à mi-chemin entre Sala (au Sud) et Banasa (au Nord), dans une zone exposée aux inondations, le site
demeurant alors émergé et communiquant avec un vaste hinterland. Il était facile à défendre. La forêt voisine de la
Mâamora a sans doute fourni les matériaux de construction (chênes liège). Le fleuve poissonneux et navigable en amont et en aval ainsi
que les terres alentour cultivables en ont fait un centre d'occupation important.
Thamusida se situait sur une voie romaine qui partait de Tanger-Tingi, passait par Larache-Lixus, Banasa, descendait jusqu'à Chellah et
s'arrêtait au limes (encore visible à la sortie sud de Rabat sur la route de Casablanca). L'antiquité des villes de Lixus et de Tingi
était depuis longtemps commue par les textes. L'archéologie a révélé que des villes de la Maurétanie Tingitane
avaient un passé plus ancien.
Le site de Thamusida (Sidi Ali ben Ahmed)
Il se trouve au bord du Sebou, sur sa rive gauche, à 10 km à vol d’oiseau en amont de la ville de Kénitra. Les ruines d’une
superficie de 15 hectares occupent des éminences culminant de 9 à 13 m.
La région de Sidi Ali ben Ahmed, et probablement le site lui-même, ont été occupés aux temps préhistoriques.
Vers le milieu du IIème siècle avant J.-C., le plateau qui domine le fleuve dans la partie nord du site porte un habitat
caractérisé par une architecture en terre et par la présence de vases céramiques peints. L’agglomération
maurétanienne continua à exister jusqu’à la conquête romaine. Les recherches récentes effectuées à Thamusida
témoignent de l’existence d’une occupation antérieure au IIème siècle av. J.-C.
Dès le règne de Claude (41-54 après J.-C.), des constructions en dur se multiplient. Thamusida abrite probablement un port actif dont
témoignent les nombreux débris d’amphores entourant le plateau et devient un point de débarquement et un centre romain de ravitaillement.
Sous les Flaviens (69-96 après J.-C.), une garnison militaire romaine séjourne sur les lieux. La ville donne des signes de croissance ; elle se
dote d’un temple (le Temple à bossages), de thermes et de maisons d’habitations dont une à cour centrale.
Sous Trajan (97-117 après J.-C.) ou sous Hadrien (117-138 après J.-C.), une nouvelle structuration de l’espace urbain semble avoir lieu en
conférant à la ville un plan d’urbanisme orthogonal où s’inscrivent les thermes reconstruits et le petit temple du nord-est dédié
à Vénus-Astarte. Le développement et l’enrichissement de la ville se reflètent dans l’agrandissement et la transformation
continue des thermes du fleuve, dans la construction de nouveaux temples bordant la rive du Sebou et de nouvelles habitations dont la Maison du dallage qui
adopte le plan des riches demeures de Volubilis et d’Espagne. Des maisons modestes, des ateliers et des locaux utilitaires occupent des quartiers entiers. En
plus de ses fonctions commerciales et industrielles qui sont à l’origine de son développement, la ville de Thamusida devait jouer un rôle
militaire important. Elle était peuplée de vétérans et sous Marc-Aurèle (161-180 ap. J.-C.), on y construisit la plus
grande forteresse de Tingitane pour assurer la protection de la population civile. Sous Commode (176-192 ap. J.-C.) ou Septime Sévère (193-211
ap. J.-C.), la ville se dote d’une enceinte qui a remployé des stèles funéraires et écrasé une partie de la riche Maison
du dallage, ce qui indique que l’ouvrage fut dicté par la crainte d’un danger proche ou lointain.
Au III ème siècle, la ville est toujours active si on en juge par l’étendue des thermes du fleuve et la densité des
trouvailles céramiques jusqu’à ce que survienne l’abandon définitif. Ce dernier a eu lieu entre 274 et 280 après J.-C., mais on
ne sait pas s’il est consécutif au départ de l’armée ou à une cause postérieure. Des trouvailles éparses et
murs ainsi que des ébauches de fortifications repérés dans les ruines de Thamusida attestent d’une occupation éphémère
des lieux postérieure à la date de l’évacuation.
Source : ministère de la culture www.minculture.gov.ma